Avec la mort de Michael Jackson, un jeune homme, tout juste trentenaire, fait le deuil de son enfance et s’interroge sur le passage à l’âge adulte.
Le jour de mes trente ans, Michael Jackson est mort. On a appris la nouvelle une heure avant le début de la fête que j’avais organisée à cette ocasion, si bien que les deux événements se sont mélangés, du moins dans mon esprit. On sonnait, j’ouvrais la porte et j’entendais pour la vingtième fois : « T’es au courant ? Michael Jackson est mort... » Puis, presque dans le même souffle : « Bon anniversaire, en fait... » Plus tard, dans la soirée, à ceux qui avaient la mauvaise idée de me demander « ce que ça me faisait d’avoir trente ans », je ne savais pas quoi répondre, sinon que cette question n’avait aucun intérêt : je n’ai pas encore l’âge de me poser des questions sur mon âge. Mais si j’essaie sincèrement de m’interroger sur ce que signifie pour moi le fait d’avoir trente ans, je penserais inévitablement à Michael Jackson. Sa disparition reste associée à la rondeur hypocrite de ce chiffre : il y a quelque chose de l’enfance qu’il faut bien laisser un jour derrière soi, et c’est peut-être précisément ça que représente Michael Jackson pour moi : une partie de mon enfance.